Pèlerinage en Belgique postulat, noviciat et studentat

Frères et sœurs du Carmel, en France et en Belgique !

 

À l’occasion des vacances d’hiver, les frères du postulat-noviciat d’Avon, et ceux du Studentat de Paris, ont vécu, avec leurs formateurs, une semaine de pèlerinage et de visites en Belgique, à la rencontre du passé et du présent du Carmel dans les Flandres.

En 1604, six Carmélites déchaussées espagnoles, ayant à leur tête la vénérable Anne de Jésus (1545-1621) et la bienheureuse Anne de Saint-Barthélemy (1549-1626) – deux filles de prédilection de sainte Thérèse – arrivèrent en France pour y implanter la première fondation thérésienne d’un Carmel en ce pays. De nombreuses autres fondations suivirent rapidement. Puis, en 1611, la bienheureuse Anne eut la joie de voir réalisée la fondation des Carmes déchaux de Paris, qu’elle avait si ardemment désirée, avant qu’elle-même ne quitte la France pour les Pays-Bas espagnols, où la mère Anne de Jésus poursuivait déjà l’aventure des fondations depuis 1607.

Quatre siècles plus tard, nous avons mis nos pas dans leurs pas et nous avons pérégriné, du 21 au 27 février, sur les traces du Carmel en Belgique. Cela a été possible grâce à l’accueil chaleureux de nos frères Carmes de Bruges, qui nous ont hébergé pendant toute cette semaine. Là, nous étions heureux de retrouver ceux que nous connaissions déjà : le père prieur de la communauté, frère Martin, ainsi que le frère Henri-Marie, qui vécut deux années en notre couvent de Paris lorsqu’il achevait ses études en théologie. Par les temps fraternels vécus ensemble et la prière partagée avec nos frères, nous avons expérimenté la joie d’être une même famille, au-delà des frontières (et avec l’aide du français parlé par beaucoup d’entre eux !) Forts de la vie du Carmel aujourd’hui, nous pouvions partir à la rencontre de celles et ceux qui nous ont précédés.

À Anvers, nos Sœurs moniales vivent aujourd’hui encore dans le monastère fondé en 1612 par la bienheureuse Anne de Saint-Barthélemy, et où celle qui fut la secrétaire et l’infirmière de sainte Thérèse mourut le 7 juin 1626. Nous avons célébré la Messe dans la chapelle du monastère, auprès de la châsse de la Bienheureuse, avant de gagner le parloir, qui avait été transformé en reliquaire, car nos Sœurs y avaient exposé, à notre intention, de nombreux souvenirs et reliques de leur « Mère Anne » : son manteau blanc, le volume autographe de son autobiographie, de nombreuses lettres écrites de sa main, ainsi qu’un petit carnet comportant notamment une copie faite par elle du poème du Cantique spirituel de saint Jean de la Croix. Puis ce fut une rencontre très joyeuse avec la communauté (car le parloir sert aussi… de parloir !), faite de présentations mutuelles et d’échanges de nouvelles. Après un repas préparé par nos sœurs – il avait été annoncé comme « fort modeste »… et était à la hauteur des plus grands jours de fête ! – nous avons regagné la chapelle pour vivre l’oraison auprès de la châsse de la bienheureuse Anne, avec au cœur la joie de la fraternité carmélitaine, et la parole de l’Évangile entendu ce jour-là : « Accueillir le royaume de Dieu à la manière d’un enfant… » (Mc 10, 15).

Bruxelles ! Arrivés à la capitale dans la matinée, nous y avons été accueillis d’abord par nos frères Carmes de la Province de Venise, qui ont la charge du couvent francophone de Bruxelles. La visite de l’église actuelle (bâtie au XIXe siècle, tandis que la présence des frères remonte à 1610) nous a notamment permis de faire mémoire du père Jérôme Gratien de la mère de Dieu (1545-1614). En effet, en 2014, centenaire de la mort de cet insigne collaborateur de sainte Thérèse, et qui fut le premier supérieur provincial des Carmes déchaux (1581), une plaque commémorative fut apposée à sa mémoire, compensant ainsi le fait que son tombeau soit perdu en raison de la destruction de l’ancien couvent des carmes. Lors du déjeuner – ah, la vraie « spaghettata » ! – nous avons pu profiter d’une belle rencontre avec nos frères, avant de rejoindre le monastère des Carmélites, tout proche.

Reçus là encore avec grande joie, nous avons pu entrer dans une plus grande familiarité avec la vénérable Anne de Jésus, fondatrice du monastère de Bruxelles en 1607. Nos Sœurs nous ont présenté son itinéraire biographique, avant de nous permettre de nous recueillir auprès de l’urne qui renferme ses restes mortels. La prière avec elle se poursuivit par la vénération de deux reliques particulièrement émouvantes : le manteau blanc de la mère Anne de Jésus, qui lui avait été remis par sainte Thérèse elle-même, ainsi que la « Croix de Caravaca » que sainte Thérèse portait sur elle pendant les dernières années de sa vie. Son infirmière, la bienheureuse Anne de Saint-Barthélemy, la recueillit dans son lit de mort, et l’offrit, longtemps après, aux moniales de Bruxelles. Clin d’œil du Seigneur : en 2015, cette Croix a regagné pendant quelques mois l’Espagne, pour être vénérée à Caravaca, et, pour lui faire faire ce long trajet, nos Sœurs avaient confié la précieuse relique à notre frère le père Joseph Gicquel (1927-2022), qui a rejoint la Maison du Père le 13 février dernier.

Beau signe de l’essentiel vécu pendant ce séjour : d’hier à aujourd’hui, unis aux témoins fondateurs du Carmel, et avec les frères et sœurs qui s’efforcent d’en vivre la grâce ici et maintenant, demeurer « attachés à la croix, dans la confiance en Celui qui s’y est étendu » (sainte Thérèse, Relation 3).

Anthony-Joseph Pinelli, ocd (Paris)

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