Retour sur le 4ème Centenaire des Carmes en Irak

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Du 16 au 23 février 2023, a eu lieu le 4ème Centenaire des Carmes en Irak.
Ce fut l’occasion pour notre Province d’y faire un séjour pour vivre les événements du Centenaire et pour y rencontrer les Chrétiens qui y sont présents.

La délégation française qui s’y était rendue était composée d’une équipe : le frère Guillaume Dehorter (Provincial) ; 4 frères représentant chaque couvent, le frère Olivier-Marie Rousseau (Avon), le frère Cyril Robert (Paris), le frère Robert Arcas (Lisieux) ; sœur Anne-Marie Piron (prieure du Carmel St Joseph) ; le couple Jeanne-Marie et Olivier Guillard (membres de l’OCDS) et enfin, Marie-Noëlle Lequeux, (responsable communication de notre Province).
Le Père Général, le frère Miguel Márquez Calle, le frère Christophe-Marie Baudouin (Définiteur général) et les frères venus de la délégation d’Égypte nous ont rejoint sur place.

Nous vous partageons le récit de ce séjour inoubliable…

Vidéo du 4ème centenaire de la présence des frères Carmes en Irak.

À Bassorah (par frère Cyril)

Quel dépaysement ! Après avoir pris l’avion jeudi 16 février (Paris – Istanbul, puis Istanbul – Bassorah), notre groupe de la délégation française, est arrivé à l’aéroport de Bassora, tout au Sud de l’Irak, où nous attendaient quatre gros 4×4 de la municipalité, pour nous convoyer sous bonne escorte jusqu’à l’hôtel pour des raisons de sécurité. Nous avons été accueillis avec une grande joie fraternelle par les consacrées, des membres de l’Ocds, et bien sûr par notre frère Ghadir. Bassorah et tout le Sud de l’Irak nous sont apparues très pauvres. Il y a certes des maisons cossues, mais juxtaposées à de vieilles baraques, et même à de véritables bidonvilles, sans transition aucune. La richesse du pétrole ne profite pas à la population.

Le lendemain, tout le monde était là ; notre petit groupe, les consacrées, des membres de l’Ocds, plus nombreux que la veille, nos frères Miguel (notre père général), Christophe-Marie, Hilall, Makhoul et Patricio venus de la délégation d’Égypte. Monseigneur Sleiman était là lui aussi. Ce samedi 18, nous prenions le bus pour aller découvrir Our. Nous avons pu découvrir sa ziggurat consacrée à Nanar (dieu de la Lune), et la maison où Abraham aurait vécu.

Le lendemain, dimanche 19 février, était le jour de la célébration du 4ème centenaire de la présence des carmes en Irak. Notre église de Bassora venait d’être rénovée par les soins de frère Ghadir. La célébration ecclésiale a réuni une bonne assemblée, même si l’église n’était pas entièrement pleine. L’évêque syriaque concélébrait et monseigneur Sleiman présidait, laissant notre père général faire l’homélie. L’après-midi, nous faisions un tour en bateau-mouche, sur l’estuaire commun des fleuves du Tigre et de l’Euphrate.

Quatre jours à Bagdad (par frère Robert)

Lundi 20 février

Tôt le matin, nous avons pris l’avion de Bassora à Bagdad, pour moins d’une heure de vol. Nous nous sommes rendus au couvent de Notre-Dame de Fatima. Après l’installation dans les lieux, nous avons célébré la messe dans l’oratoire. Il a été rénové récemment, la croix murale derrière l’autel est entourée d’un trait de lumière dont la couleur indique le temps liturgique. C’était vert ce jour-là, ce sera violet à partir du mercredi des cendres. En fin d’après-midi, nous sommes allés voir les sœurs du Carmel Saint Joseph dans leur couvent, tout simplement en traversant la cour de leur école, déserte à cette heure-là. Les sœurs nous ont accueillis longuement avec beaucoup de joie et d’amitié.

Mardi 21 février

Ce fut une longue journée, bien remplie. La matinée, nous étions à l’école Saint Joseph. Cette école accueille moins de 400 élèves de 4 à 12 ans, dont un peu plus de 70 chrétiens. Il y a actuellement cinq sœurs, deux Egyptiennes, deux Libanaises, et une Française arrivée en septembre dernier après avoir vécu de longues années en Egypte. Nous étions bien accueillis par une salutation en français. L’ambiance était joyeuse de toute part. La visite s’est terminée par une rencontre générale, dans la cour de récréation, où les élèves, rangés par classe avec leurs professeurs, entendirent un petit discours du Père Général, avant que quelques-uns d’entre eux, surtout des filles, lui offrent un bouquet de fleurs, lui disent un compliment en français et en anglais, chantent et dansent pour exprimer la joie de cette rencontre exceptionnelle.

L’après-midi s’est déroulé dans une salle à côté de la cathédrale où monseigneur Jean Sleiman a donné une conférence sur le Carmel en Irak, du passé au présent, évoquant quelques figures de missionnaires carmes, Anastase et Robert Beulay particulièrement. Il y avait dans l’assemblée la famille du Carmel, des représentants des divers groupes (consacrées, OCDS, Scapulaire), des prêtres chaldéens et syriaques, ainsi que des évêques de ces rites. La conférence a été suivie d’une séance de questions, puis deux femmes ont témoigné de leur expérience de la spiritualité du Carmel qui les nourrit. Il y eut ensuite dans la cathédrale, la messe solennelle de célébration du quatrième centenaire, présidée par monseigneur Jean Sleiman, avec la participation du Nonce, le Père général fit l’homélie. De nombreux prêtres chaldéens étaient présents dans l’assemblée. Des agapes ont suivi autour d’un buffet. Elles ont duré un long moment, très joyeuses, en diverses langues, avec prises de nombreuses photos ! La prise de photos, qu’elle soit officielle ou privée, a été un passage obligé lors de toutes les rencontres de cette semaine en Irak.

Mercredi 22 février : Mercredi des Cendres.

Ce fut une journée plus courte et plus calme, temps liturgique oblige. Tout s’est passé au couvent de Notre-Dame de Fatima. Les membres de la famille carmélitaine étaient invités à venir entendre des témoignages sur l’expérience carmélitaine en Irak. Ce fut ensuite la célébration de la messe des Cendres, elle fut présidée par le frère Ghadir et l’homélie fut dite par le frère Olivier. Il y eut un témoignage, en visio, d’une femme de l’OCDS réfugiée en Turquie. Puis vint le buffet, dressé dans le cloître, il était certes plus modeste que les précédents, tout en restant abondant et varié, à l’irakienne ! Ce temps permit de nombreux échanges entre les participants dans une ambiance toujours aussi joyeuse. En début d’après-midi, nous étions à nouveau dans l’église pour visionner un film documentaire sur la mission carmélitaine en Irak au présent. Ce film a été réalisé sous la direction de Ghadir, il dure une heure, en version originale sous-titrée ! Un beau film, à voir !

Jeudi 23 février

Notre dernier jour en Irak. Le matin, nous sommes allés visiter le Musée d’Irak. Nous avons constitué deux groupes, un francophone et un arabophone. Le premier a bénéficié d’un guide parlant un bon français. Nous avons remonté le temps jusqu’au début des civilisations mésopotamiennes. Une grande quantité d’objets de toute taille, jusqu’à des murs de bas-relief venant de palais royaux assyriens. Nous n’avons pas pu, bien évidemment, voir toutes les collections en deux heures seulement. Notre présence a suscité à la fois curiosité et sympathie. Par exemple, dès l’entrée, il a fallu faire des photos de famille avec des policiers souriant pour l’occasion…

Toujours dans l’histoire de l’Irak, mais contemporaine cette fois, nous sommes allés dans l’après-midi, voir l’ancienne église de la Mission, une église bâtie entre 1866 et 1871, qui n’est plus desservie depuis longtemps. Elle se trouve dans un quartier commerçant, au centre de la vieille ville de Bagdad, face au minaret de la mosquée des Califes. L’église a été belle, elle aurait besoin de travaux de restauration, mais cela n’est pas permis par le gouvernement. Notre venue a été l’occasion de l’inauguration, par monseigneur Jean Sleiman, d’une sculpture représentant le père Anastase (1866-1947), un buste dressé au sommet d’une colonne de forme conique, dans la rue même, en retrait mais visible par tous les passants, protégée par une clôture. Nous étions nombreux en ce lieu et des policiers, comme à Bassora, veillaient à notre sécurité.

Puis nous sommes tous revenus au couvent pour se dire adieu. Le pèlerinage était terminé. Le moment était émouvant, non sans prise de nombreuses photos.

Ce qui est remarquable dans tout ce séjour, c’est la joie, le bonheur que notre présence produisait chez les membres de la famille carmélitaine présents à ces rencontres, et cela malgré le barrage de la langue !

Tous nous avions le sentiment que ces journées étaient exceptionnelles, elles nous invitaient à l’espérance que la Mission du Carmel en Irak n’était pas finie, qu’elle se poursuivait, à la grâce de Dieu…

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