Les nouvelles du couvent de Bagdad

Je suis arrivé au couvent de Bagdad le mardi 19 décembre au soir au terme de 28h de voyage, l’avion pour Bagdad ayant été supprimé pour cause de brouillard. J’ai trouvé Ghadir en aussi bonne forme que possible et toujours aussi accueillant.

Le lendemain, nous avons rendu visite aux Consacrées qui avaient organisé une réception surabondante avec une variété étonnante de plats. L’hospitalité irakienne reste à la hauteur de sa réputation, car si l’hospitalité orientale est légendaire, celle de l’Irak l’est au sein même des pays arabes.

J’ai fait auparavant la visite de l’école sous la conduite de la directrice, sœur Magda. Elle m’a fait rencontrer chaque classe d’enfants avec à la clé pour eux le devoir de prononcer quelques mots en français. Les quatre sœurs étaient ensuite conviées au repas des consacrées.

Le mercredi après-midi, j’ai rencontré dans notre couvent les groupes accompagnés par Ghadir. Outre les Consacrées et les sœurs du Carmel Saint Joseph, il y avait principalement les membres de l’OCDS. Il y eut d’abord un enseignement que j’ai donné sur la nuit sanjuaniste dans la nouvelle et très belle salle dite « des catéchistes » en raison de son usage initial ; plusieurs personnes l’ont suivi par visio, certaines depuis la Turquie ou l’Afrique du Sud. Il y eut ensuite l’Eucharistie et bien sûr une abondante collation.

Les jours suivants, Ghadir s’est consacré à la préparation de Noël tout en gérant de multiples problèmes matériels. Un retour trop violent de l’électricité de la ville venait de détruire la sonorisation de l’église. Il fallait la refaire en urgence avant Noël et pour cela changer plusieurs dizaines de mètres de câbles électriques passant au-dessus de l’église. Cela a été fait à temps moyennant plusieurs jours de travail intensifs.

Le cinéaste musulman qui avait accompagné notre groupe à Bassora lors du centenaire est aussi un remarquable technicien au plan de la sono. Il a refait la sonorisation de l’église travaillant parfois pour cela jusqu’à trois heures du matin. Le résultat est spectaculaire, car je n’ai jamais entendu dans une église un son aussi pur, sans le moindre parasite. Il est resté durant la célébration de Noël pour la filmer et en assurer la retransmission sur Facebook, « The Carmel of Iraq ». Il est passionné par son travail et s’est pris d’amitié pour Ghadir au point qu’il ne lui fait pas payer son travail réel. Il a ri quand je lui ai dit qu’il devrait venir dans nos couvents de France.

Leisf est arrivé depuis Erbil deux jours à l’avance pour assurer l’aménagement de la crèche ainsi que la décoration de l’église et de l’autel. La célébration a été très belle et priante comme les autres fois, mais j’ai constaté cette fois encore la baisse du nombre des participants, environs une soixantaine.

Le matin de Noël, nous avons pris l’avion pour Erbil et sommes arrivés à Dehok pour le déjeuner. Inutile de dire que les Consacrées nous attendaient avec une table plus que garnies. La messe de Noël a eu lieu dans la chapelle agrandie qui peut contenir 80 personnes, mais qui en a accueilli une centaine moyennant l’ajout de chaises. La nouvelle chapelle est particulièrement belle, lumineuse, chaleureuse en raison d’un aménagement en bois massif particulièrement soigné. La célébration qui reprenait des éléments de la veillée de Noël a été aussi très belle. La qualité du silence témoignait du recueillement de l’assemblée. Il y eut ensuite deux journées de sortie ; la première a eu lieu dans le nouveau parc qui surplombe la ville de Dehok ; il y a un spectacle remarquable de jets d’eau avec son et lumière. Pour la deuxième, nous sommes allés dans le village chrétien d’Al Qosh visiter le tombeau du prophète Nahum étonnamment restauré par des juifs américains. Nous avons été reçus pour cela par la Maire du village qui nous a parlé de l’émigration continue des chrétiens. La ville qui comptait six mille habitants il y a encore peu d’années, n’en a plus que trois mille. Le drame qui a eu lieu récemment à Karakosh ne fait qu’encourager l’exode : une centaine de personnes fêtant un mariage chrétien ont brûlé vif dans un dancing dont les portes avaient été soigneusement fermées. Ce crime a été fait en représailles pour le chrétien irakien qui a brûlé publiquement des corans en Suède. C’est en effet un membre de la famille des mariés !

La situation reste tendue en Irak en raison de la guerre à Gaza. Le gouvernement irakien entièrement aux bottes de l’Iran vient d’affirmer sa volonté de chasser les américains complètement les américains d’Irak. Cela n’augure rien de bon pour l’avenir. Cela n’empêche pas les chrétiens de se montre joyeux et chaleureux dans leur accueil de sorte que l’on ne soupçonnerait pas tout ce qu’ils endurent.

Fr Olivier-Marie

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