Profession simple du frère Benoît-Antoine de la Croix Glorieuse

En la fête de saint Elie, le 20 juillet , frère Benoît-Antoine de la Croix Glorieuse
a fait sa profession dans l’Ordre des Frères Déchaux de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel.

Voici l’homélie et des photos de cette belle journée !

Homélie de frère Guillaume :

Que fais-tu là, Benoit-Antoine ? 
Cher frère, tel Elie autrefois, le Seigneur t’appelle et t’interpelle aujourd’hui ! Car la profession religieuse est tout à la fois réponse à un appel et don d’une volonté, d’un oui qui s’engage en professant le nom du Seigneur et la manière de le servir.
Cette convocation qui, en premier lieu, s’adresse à toi nous concerne tous, frères ici présents : ta profession nous renvoie à la nôtre ; plus encore, nous en sommes témoins mais aussi garants et hôtes de l’acte que tu vas poser.
La profession engage le profès, le Seigneur et l’Institut dans lequel se sont faits la probation, la formation, le discernement et dans lequel le profès est agrégé. Stimulé par cette interpellation collective et par la fête du prophète Elie, je voudrais, en guise de feuille de route, partager trois fondamentaux de notre vie de carme déchaux.

« Que fais-tu là, Elie ? » A l’interpellation du Seigneur, le prophète fit profession d’une ardeur jalouse. Le carmel a toujours trouvé là la source de son charisme, le « la » du chant qu’il a à offrir à l’Église. Rencontrer Dieu dans cette « voix de fin silence », ce « murmure d’une brise légère », dans une écoute inlassable et affinée : notre vie restera incompréhensible sans le mystère de la prière. Et ainsi doit-elle rester au risque de perdre son sel. « Nous sommes reconnus par l’Église – disent nos Constitutions – comme une famille particulièrement consacrée à la pratique de l’oraison, qui s’efforce de vivre intensément le mystère de la prière chrétienne et qui, par son existence, rend témoignage à ce mystère ».
L’oraison est tout, au long de notre vie, mission (pas tant le carburant pour la mission que la mission même), joie et tourment, source et combat, enrichissement et appauvrissement, baromètre, également, de notre vie. Dieu vivant, à connaitre et à servir, telle est, à la suite du prophète Elie, la passion de la vie – de notre vie – que, fr. Benoit-Antoine, tu embrasses aujourd’hui. « Que fais-tu là ? » ; « Il est bon d’être là » ! : l’écho d’une question d’un testament à l’autre permet de préciser que cette passion est celle de Jésus, la passion de l’écouter, de le connaitre, de l’aimer, de se laisser transformer par lui pour le rayonner et le faire aimer. Tel est le chemin d’une vie d’oraison.
« Que fais-tu là ? » Chaque jour, l’interpellation retentit car il ne s’agit pas seulement d’être là mais de chercher le Seigneur d’une ardeur amenée à s’affiner sans cesse. Non pas dans l’ouragan, le vent ou le feu : il y a là une ascèse de l’essentiel, celle de « Jésus seul » pour reprendre la finale de notre évangile.

Deuxièmement, le prophète Elie a inspiré le Carmel non seulement à ses origines mais aussi au long de son histoire et de ses crises. Modèle de l’ermite contemplatif qui rencontre le Dieu vivant, il devient, quand il faut se justifier d’exister en Europe dans un contexte de prolifération d’ordres naissants, le modèle de l’apôtre qui proclame le Dieu vivant. Les lectures du cycle d’Elie nous ont également rendus attentifs aux crises que l’homme de Tisbé a traversées, modèle de l’homme transformé par le Dieu vivant. Cela est cher à la tradition du Carmel qu’il s’agisse des nuits de Jean de la Croix ou des passages de demeure en demeure de la Madre. Notre première lecture nous le raconte, avant la rencontre dans la caverne, il y a ce long chemin dans le désert du découragement. On peut y voir ce que, selon les époques, on a appelé mélancolie, dépression et, volontiers de nos jours, burn out. Elie en a trop fait, a prétendu à trop, à être le seul, le meilleur. Or Dieu seul est le seul ! Ce chemin d’ascèse et de purification est un chemin d’humilité, de vérité. « Non, tu n’es pas seul et tu remettras ta charge à un autre ! » lui répondra le Seigneur. Dans cette pauvreté, réside la vraie rencontre du Seigneur, l’apostolat authentique, la transformation véritable. Cher frère, les combats que tu auras à mener ne sont pas écrits d’avance. Les vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance en posent assurément des balises, lieux de combat et donc de maturation. Comme Elie, l’âpreté de la solitude, la peur du vide, la force de la violence peuvent être des chemins de vie et de communion. « La tentation est affaire de solitude » résume un de nos anciens frères, cité récemment dans les éphémérides d’Avon 2020. De la Croix glorieuse : ton mystère exprime que ce chemin est un chemin pascal, un chemin de glorification à vivre avec le Christ, comme le Christ et à sa suite, dans le don de soi et le consentement aux dons de Dieu et aux dépouillements divers. Tu as lu, nous disais-tu, que de ce don doit être absolu, indéterminé et sans cesse à renouveler. Il n’est pas toutefois une réalité sauvage ou cruelle mais un chemin de grâce, de libération, de réconciliation. Comme la citation d’Édith de ton faire-part l’exprime, il est un échange… tellement inégal : « il veut ta vie pour te donner la sienne ! » Elie maitre d’oraison, Elie modèle dans les crises de nos vies, je voudrais exprimer un troisième et dernier point que m’inspire la scène insolite d’Elie conversant avec Jésus et Moïse, le Nouveau Testament avec l’Ancien en quelque sorte. Au Carmel aussi, le dialogue du nouveau et de l’ancien agit avec puissance voire avec passion.

Faire profession, c’est prendre part au dialogue entre Elie, saint Albert et la Madre conversant entre fondateur, inspirateur, réformateur et législateur ! Être carme déchaux, ce n’est ni être un « marcioniste » ni un « judaïsant » du Carmel qui en couperait les racines élianiques ou manquerait la nouveauté thérésienne. « Commencer toujours » : l’invitation thérésienne vaut tout particulièrement pour une profession. Qu’elle t’inspire tout au long de ta vie religieuse ! De la nouveauté thérésienne, je voudrais retenir son sens de la fraternité. La formule de profession nomme la famille instaurée par sainte Thérèse : tu feras, dans un instant, profession parmi des frères. Dans ta vie, ils seront – nous serons – tout à la fois soutien, occasion de fatigue et de joie, d’étonnement tour à tour scandalisé ou émerveillé. « L’espérance, c’est la fraternité ! » L’adage, quelque peu énigmatique, est une promesse : qu’il t’habite au long de ta vie. Connaitre Jésus, suivre son chemin de croix glorieuse et le découvrir dans l’amour fraternel, voilà les trois  fondamentaux annoncés. Ne les oublie pas et puisses-tu chanter avec le psalmiste : « Que la part qui me revient fasse mes délices, le plus bel héritage. Devant ta face débordement de joie ». Je te le souhaite de tout cœur ! Amen

Nous vous confions nos 8 autres frères en formation : au noviciat, fr. Pierre-Henri et à partir du 28 juillet, Eric, Maxime et Nicolas; au postulat, Xavier et à partir du 14 septembre, Clément et Basile. Fr. Jean-Baptiste fera sa profession solennelle le 1er novembre !

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