Profession simple du frère Pierre-Henri de la Visitation

En la fête de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, le 1er octobre ,
frère Pierre-Henri de la Visitation
a fait sa profession
dans l’Ordre des Frères Déchaux
de la Bienheureuse Vierge Marie
du Mont-Carmel.

Voici l’homélie et des photos de cette belle journée!

 
 

Homélie de frère Guillaume :

« C’est dans la réponse qu’on lui donne que se fait véritablement entendre l’appel que l’on a reçu ». Cher frère Pierre-Henri, il me semble que la célébration de ta profession, outre le fait de renouer avec l’ancienne tradition de faire profession le jour de la petite Thérèse, patronne de notre Province, illustre à merveille cet adage… à moins que ce ne soit lui qui nous aide à explorer la richesse de ce que nous célébrons aujourd’hui. L’accueil du « oui » que tu prononceras dans un instant, la méditation de ton mystère de la Visitation et la commémoration solennelle de notre chère petite Thérèse échafaudent un riche monument : la réponse comme expérience spirituelle qui met au jour le trésor caché que l’on porte en offre, pour le parcourir sans nous y perdre, un beau fil rouge. Faire profession est en effet la réponse à un appel et à un don qui ne se dévoilent véritablement que tout au long de notre vie religieuse. Chaque profès ici présent, à commencer sans doute par les plus anciens, pourrait en témoigner ! Dans la Visitation, la sainte Vierge se met en route en réponse à l’Annonce qu’elle vient de recevoir mais c’est Élisabeth puis le chant du Magnificat qui en explicitent davantage la portée. La petite Thérèse, fille du Carmel et Docteur de l’Église, en réponse à un riche héritage profondément assimilé et à une vocation spécifique, dévoile à notre temps des aspects insoupçonnés du charisme carmélitain. Comme dans les familles nombreuses, la grande sœur devient mère : telle est aussi la portée de notre adage et un enjeu pour une profession religieuse, celui de la vie transmise.

Un fil rouge n’est pas pour autant un plan de visite : reprenons pour celle-ci les trois grands axes de la vie religieuse dans laquelle, Pierre-Henri, tu t’engages aujourd’hui. En faisant profession au Carmel, tu recherches le Dieu vivant tout à la fois caché et qui se donne. L’aventure du Carmel, tout spécialement dans l’oraison et la méditation incessante de l’Écriture, est d’écouter la Parole de Dieu pour se laisser transformer jusqu’à l’union avec Dieu. « Dieu ne parle qu’en donnant la parole, qu’en faisant parler les hommes ». Tel est le fondement de notre lecture de l’Écriture et, d’une manière seconde, « responsoriale » pourrions-nous dire, de la littérature spirituelle (en particulier des Écrits de nos saints) mais aussi, par ricochet, de la relecture croyante de notre vie. Ainsi, Thérèse découvre-t-elle tout à la fois sa vocation profonde au cœur de l’Église et le visage du Père miséricordieux. Le récit brûlant qu’elle en fait dans le Manuscrit B articule les désirs qui la faisaient tant souffrir, la conscience de sa pauvreté et sa scrutation attentive des Écritures (en particulier de la page d’Isaïe que nous avons entendue et de l’hymne à la charité). Mais c’est dans sa réponse « O Jésus, mon Amour… ma vocation, enfin, je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’amour ! » qu’elle comprend toute la portée de ce qui l’habitait : ce que l’on appellera la voie d’enfance spirituelle et le visage inouï de l’Amour miséricordieux. Premier axe de notre vie religieuse, à la suite de Thérèse, notre réponse d’humilité et de pauvreté nous fait rencontrer le Dieu vivant. En faisant profession au Carmel, tu t’engages ensuite dans une vie de fraternité. La première épitre de Jean l’a redit, l’amour fraternel est comme la réponse irrésistible, la vérification et le lieu même d’expérience de l’amour de Dieu. « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous ». La fraternité est une aventure, un long chemin de découverte et de révélation de soi. Les deux figures de cette célébration l’illustrent. Dans son manuscrit C, Thérèse témoigne, en des pages inoubliables car profondes et concrètes, de sa découverte expérimentale de l’amour fraternel. Elle le savait mais c’est sa réponse en acte qui lui en fera découvrir toute la profondeur. Commentant la Visitation, dans son long poème dédiée à Marie, Thérèse écrit : « j’apprends à pratiquer l’ardente charité ». Dans cette scène, qui est une scène de fraternité, c’est l’expérience de l’hospitalité et de la rencontre qui, par la bouche d’Élisabeth, nommera la mère du Sauveur et le bonheur de sa foi. Nous avons souvent besoin du frère pour savoir véritablement qui l’on est et les charismes que l’on porte. En faisant profession au Carmel, tu témoignes enfin du Dieu vivant ! Comme la Vierge Marie en réponse à sa cousine Élisabeth, notre vie est un chant de louange au Seigneur et d’attestation de ses merveilles à l’œuvre dans nos vies. Ce que nous appelons apostolat ou mission est comme le fruit irrésistible de notre rencontre du Seigneur dans le secret de notre cœur et par le service fraternel. Mais, Thérèse nous le dit, la fécondité de l’apostolat est une réalité cachée qui est celle avant tout de l’Amour rédempteur. En mangeant à la table des pécheurs, Thérèse nous montre le chemin de l’humilité et de la compassion comme le plus fécond témoignage au Dieu, d’amour riche en miséricorde.

« Entraine-moi sur tes pas nous courrons ! » Cher Pierre-Henri, la devise de ton faire-part de profession qui reprend le testament de Thérèse concernant l’oraison est un verset du Cantique des Cantiques que la Tradition a aimé voir accomplie en la Visitation de Marie. Elle exprime ce mouvement de réponse qui nous a guidés pour explorer la richesse de l’acte que tu vas poser maintenant. Que cette course en réponse à l’impulsion du Seigneur et à la recherche de l’amour toujours plus grand soit la joie, la force et l’unité de ta vie ! Thérèse l’illustre, il y a une profonde unité entre le souci de soi en tant que réponse aux exigences que nous portons en profondeur et la découverte de Dieu que nous faisons à travers l’expérience décapante – appauvrissante – de notre prière et au moyen des médiations qu’offre notre vie religieuse, celle de l’obéissance et celle de la fraternité. C’est le Seigneur qui unifie et qui approfondit sans cesse notre vie, en cousant par des fils d’or les pans parfois épars de nos vies. Thérèse avait vu ses initiales inscrites dans le ciel. Sans voir nécessairement P.H.L. ni un P ni un H ni un L tracés par les étoiles, que ce jour qui tout à la fois est un acheminement et inaugure un chemin, une course, soit comme une lumière, une étoile, une promesse, celle de ta réponse, toujours à poursuivre, à l’Amour. Amen

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